Communiqué d’Alain Lipietz
Sur le premier tour de l’élection présidentielle

22 avril 2007 par Alain Lipietz

Il faut d’abord saluer la formidable mobilisation des électrices et électeurs français, sans doute alarmés par la peur d’un « nouveau 21 avril 2002 ».
Le « vote utile » n’était pas si utile : le résultat relativement faible de Le Pen confirme les sondages, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont dix points d’avance sur le candidat du Front National !

Il reste que les plus récentes prises de position de Nicolas Sarkozy, confirmant 5 ans d’exercice du pouvoir, sont presque aussi alarmantes que celle du FN. Sa victoire plongerait la France dans une atmosphère de tension comme en elle n’en a plus connue depuis 40 ans.

Il faut tout faire pour assurer sa défaite.

Il appartient à Ségolène Royal de rassembler autour d’elle les électeurs écologistes, altermondialistes et centristes. Ce n’est pas facile !

Seul un accord rapide, parlementaire et de gouvernement, avec les écologistes, incluant une partie des demandes altermondialistes et de celles des centristes (notamment un moratoire sur la production d’OGM en pleins champs et la construction de nouvelles centrales nucléaires, la lutte résolue contre le changement climatique, ainsi que l’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections et, immédiatement, un accord assurant la représentation correcte de ses partenaires), est en mesure de susciter le rassemblement de tous pour battre Sarkozy.

La responsabilité de François Bayrou sera alors déterminante : ou il choisit la sécurité électorale pour les législatives, et se renie en soutenant Sarkozy, ou il lance son parti sur une trajectoire « à la Prodi » l’amenant, à un moment donné, à se poser la question de l’alliance à gauche, que ses eurodéputés pratiquent sporadiquement depuis deux ans.

Je regrette profondément que la question écologique ait été occultée dans cette campagne par la mobilisation contre les projets de Le Pen et Sarkozy.

Dominique Voynet a pourtant conduit une remarquable campagne, montrant l’unité du combat contre la pauvreté et la précarité, pour la défense de la Nature et pour les Droits de l’homme et de la femme.

Mais je comprends les électrices et les électeurs qui nous ont exprimé leur sympathie, tout en nous expliquant que « ce n’était pas le moment ».

À force de dire que ce n’est pas le moment, vient toutefois un jour où il est trop tard. Les élections législatives seront l’occasion de remettre l’écologie au centre du débat politique. Il en va de l’avenir de cette planète et de la société française.



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