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Ma profession initiale est officier de police française. J’ai le grade de commandant. Depuis 1998, je suis le Secrétaire général du Conseil Européen des Syndicats de Police, créé par mon prédécesseur en 1988. Cette organisation est née d’une réflexion entre un policier espagnol et un policier français qui se sont rendus compte que, des deux côtés des Pyrénées, ils rencontraient les mêmes problèmes professionnels et de société. Cette organisation regroupe aujourd’hui 18 syndicats dans 17 pays membres du Conseil de l’Europe. Nous sommes également une organisation internationale non gouvernementale présente au Conseil de l’Europe. J’ai un lien direct avec la société civile et c’est à ce titre que j’ai accepté de venir débattre des problèmes qui ont été récemment d’une actualité brûlante en France mais qui sont aussi sous-jacents dans d’autres pays européens. Par exemple, dans un mois et demi, j’irai débattre du problème de la police de proximité au Portugal où se pose la question de son avenir. Plus largement, les événements de novembre ont interpellé nombre de policiers européens. Notre réflexion doit donc dépasser le cadre national. De même, pour moi qui suis un Européen convaincu, la réflexion doit également être menée au niveau européen.
Mon discours va vous paraître tiède par rapport à celui que vous venez d’entendre parce que notre organisation est avant tout autonome, c’est-à-dire que nous menons une politique de la main tendue. Nous sommes ainsi capables de nous mettre autour d’une table avec ceux qui acceptent de discuter avec nous.
On constate un manque de dialogue entre policiers et citoyens au plan national. Quand je me regarde dans une glace, je vois avant tout un citoyen qui exerce une profession de police. Je l’ai exercée sur le terrain pendant 16 ans et j’ai connu les problèmes des banlieues à Lyon. En 1982, aux Minguettes, un brigadier avait blessé par arme à feu un jeune beur lors d’une interpellation de nuit qui s’était mal déroulée. Des émeutes s’en étaient suivies. J’étais alors inspecteur stagiaire et j’ai dû faire face à des caillassages de véhicules. J’ai ainsi été confronté à ces problèmes dès la fin de ma formation. Vous sortez de l’école de police avec une opinion de votre métier, comme étant au service des citoyens et vous êtes reçu à coups de pierres. Vous comprenez, alors, qu’il existe un décalage entre votre perception de votre métier et la perception qu’en ont certains citoyens
Plus de vingt ans après, j’ai été à nouveau interpellé par ce qui s’est passé dans nos cités en novembre, en tant que policier mais aussi en tant que parent puisque j’ai un fils de 11 ans et une fille de 17 ans. Nous allons dans le mur et je n’ai pas envie d’offrir cette société à mes enfants. C’est pour cette raison que je cherche des solutions pour créer des ponts entre le service public que je représente comme syndicaliste et les autres membres de la société. Il faut donner la parole à tout le monde et essayer de réunir à une même table les policiers et les jeunes qui, ne se connaissant pas, ne se respectent pas. Je veux participer à ce débat pour trouver d’autres chemins. Je me refuse également à croire que la police est la solution à tous les maux de la société. Je ne souhaite pas que, dans les années à venir, mes collègues soient confrontés à des problèmes comme ceux que nous venons de connaître.