L’Europe et la paix en Colombie

2 décembre 2004 par Alain Lipietz

Intervention de Alain Lipietz en Séance Plénière, en réponse à la communication de la Commissaire aux Affaires extérieures , Madame Ferrero Waldner.

Madame la Commissaire, Monsieur le Président, mes chers collègues,

Où en sommes-nous des rapports avec la Paix en Colombie ?

La précédente législature avait porté un jugement négatif sur le soi-disant "Plan Colombie" et avait proposé de profondes réformes sociales. La Commission, le Conseil et le Parlement avaient affirmé leur disponibilité à jouer un rôle de "facilitateur" dans les négociations entre le gouvernement et les guérilleros initiées par le Président Pastrana. Cette disponibilité s’était brisée, d’une part face à l’abandon de cette politique par les autorités colombiennes, d’autre part face aux scandaleuses pratiques de prise d’otages des FARC, illustrées par le cas d’Ingrid Betancourt.

Le champ a été laissé libre aux extrémistes des deux camps : d’une part les FARC, d’autre part l’administration du président Uribe qui, en proposant de militariser les civils et d’accorder immunité et financement aux paramilitaires, a dangereusement mis en péril les normes de l’Etat de droit.

Alors que faire ? Il ne nous reste qu’une solution : appuyer les efforts de paix de la société civile, telle qu’elle s’exprime par exemple par l’Assemblée Permanente civile pour la Paix. Cette coordination avait, rappelons-le, recueilli 10 millions de signatures pour la paix. Elle propose aujourd’hui un large accord humanitaire incluant les échanges de prisonniers mais surtout le respect du droit humanitaire international par les deux camps.

De ce point de vue j’approuve la déclaration de Madame la Commissaire :

 Nous appelons le gouvernement colombien à respecter l’état de droit et le droit humanitaire

 Nous attendons des guérilleros une libération des otages civils comme signe d’une volonté de retourner à la table des négociations

 Nous financerons les "laboratoires de paix" et le soutien à la société civile colombienne

Appuyer les initiatives de ce type et les autorités locales colombiennes qui les reprennent, c’est le meilleur service que l’Europe puisse rendre à la paix en Colombie.



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