La Parisien
Je comprends le départ de Battisti

25 août 2004 par Alain Lipietz

Comment réagissez-vous à la fuite de Battisti ?

C’est logique : le gouvernement français a remis en cause les engagements pris vis-à-vis de Battisti et qui avaient jusque-là été respectés par toutes les majorités de droite ou de gauche. Du coup, je comprends son départ, une façon pour lui de rompre ses engagements.
Mettez-vous à sa place, il ne va quand même pas rester les deux pieds dans le même sabot !

Pourquoi vous opposez-vous à l’extradition vers un pays voisin et ami comme l’Italie ?

Un compromis avait été passé au début des années 1980 avec l’Etat italien qui consistait à débarrasser ce pays de ses « guerriéristes » afin de l’aider à passer à autre chose. D’ailleurs à cette époque, l’Italie n’avait pas protesté. C’est le même genre de marché que celui que négocie actuellement Dominique de Villepin avec la Colombie : libération d’Ingrid Betancourt en échange de l’asile à des guérilleros des Farc. De plus, tout le monde sait que les procès qui ont eu lieu en Italie il y a vingt ans étaient bidon.

La gauche italienne réclame elle aussi cette extradition...

Il faut se rappeler que les dirigeants de cette gauche italienne, qui sont pour la plupart des anciens du Parti communiste italien (devenu Parti des démocrates de gauche), avaient eux-mêmes été menacés physiquement par les brigadistes. Il ne faut donc pas s’étonner qu’ils ne veuillent pas passer l’éponge. Il y a aussi un aspect tactique : comme ils espèrent reprendre le pouvoir à Berlusconi, ils ne veulent pas apparaître moins sécuritaires.

Propos recueillis par Philippe Martinat



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