Le Parisien
Les élections, la constitution...
Entrevue

24 novembre 2003 par Alain Lipietz

Les Verts se sont prononcés contre une loi interdisant les signes religieux à l’école...

Oui. Car ce n’est pas par une disposition législative de pure circonstance, élaborée dans un climat islamophobe, qu’on parviendra à régler le problème. Si on oblige les enseignants à être les exécutants d’une loi d’exclusion, on les transformera ipso facto en agents d’une mini-guerre de religion.

Que faire des jeunes filles qui refusent d’enlever le voile ?

Les exclure, c’est les renvoyer à la maison ou les diriger vers l’enseignement confessionnel. On ne voit pas bien ce que la laïcité y gagnerait. Il faut que l’école publique assume pleinement sa mission qui est de convaincre ces filles, en leur inculquant l’esprit critique, de retirer elles-mêmes leur voile.

Les Verts soutiennent le projet de Constitution européenne...

La première partie du texte contient des avancées démocratiques considérables. Dans la plupart des cas, dorénavant, c’est le Parlement qui aura le dernier mot. Et les citoyens auront davantage la parole. Mais la fin n’est que la compilation des traités libéraux qui ont dégoûté les gens de l’Europe. Mais voilà, si nous votons contre, nous reviendrions à ces traités que nous dénonçons. Alors nous allons proposer une campagne de pétitions pour écarter de la Constitution cette partie-là.

Pour les régionales, les Verts s’allieront avec le PS dans certaines régions. Et, dans d’autres, ils iront seuls. Qu’en sera-t-il en Ile-de-France ?

Ce sont les militants qui en décideront samedi. Moi, je suis partisan de l’autonomie. Il faut donner aux électeurs qui ne veulent pas voter PS un autre choix que l’abstention ou l’extrême gauche. On ratissera plus large avec deux listes.

A quel niveau estimez-vous les Verts ?

On peut faire 12 % en Ile-de-France et atteindre la barre des 10 % en Alsace, en Bretagne ou dans le Nord-Pas-de-Calais. Mais je n’ai pas toujours été un bon pronostiqueur.

Diriez-vous, comme DSK, que Jacques Chirac doive changer de Premier ministre ?

Oui, Jean-Pierre Raffarin doit partir. Mais le premier responsable de la situation actuelle, c’est Jacques Chirac lui-même, avec ses promesses inconsidérées comme la baisse d’un tiers de l’impôt sur le revenu. Résultat : nous sommes dans le collimateur de Bruxelles. La France est devenue ingouvernable.

Propos recueillis par Frédéric Gerschel

Cet article est paru dans Le Parisien.



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