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En réponse à :La crise grecque et l’Europe du Non
jeudi 13 mai 2010
Le débat économique et social se développe actuellement très vite et sur tous les fronts. Je le mène principalement sur mon blog d’Alternatives économiques… ce qui ne m’empêche pas de participer aux passionnants débats de la construction d’Europe-Écologie.
À la mi-avril, la question des (…)
En réponse à :
Sortir de l’euro ?
D’abord faut-il poser la question « pour les Français » ? La fin de l’euro aurait un coût énorme pour la construction européenne. Si l’on préfère une Europe unie aux conflits bimillénaires européens, il faudra sans doute recommencer dans dix ans les effets de 1992-1997. J’avais en 92 voté Non parce que le coût n’en valait pas la chandelle, vue l’absence de fédéralisme économique dans Maastricht, mais une fois qu’on a payé il faut profiter des avantages de l’euro, réformer l’aspect intergouvernementaliste de Maastricht, et ne pas repayer deux fois le prix à à 30 ans d’intervalle. Mais revenons à la France.
Quitter l’euro et reconstruire le franc est un énorme investissement qui demande au moins 1 an de travail (imprimer des billets, changer toutes les machines à payer et distribuer, etc). Cet investissement n’en vaut la peine que si l’on espère créer des emplois et faciliter le remboursement de la dette.
Actuellement l’euro s’est dévalué de 20% en 6 mois. Le Franc se dévaluerait encore plus vite et pas seulement face au dollar et au yuan, mais aussi face au Deutsch Mark. Pour les autres monnaie « reconstituées » (Peseta , lire, livre) on ne sait pas. Il est très probable que s’engagera une rivalité des « dévaluations compétitives » et sans doute on verra remonter les barrières douanières.
La dette ? elle reviendra automatiquement plus chère (en francs). Il faudra plus travailler en France et plus vendre à l’export pour rembourser la même dette.
L’emploi ? on pense à un gain en compétitivité. Cela signifie implicitement que l’on espère que le pouvoir d’achat français en produits importés baissera plus vite qu’ailleurs dans l’Europe du sud et en tout cas face au DM, ce qui est déjà assez cynique (et pas la meilleure façon de reconstruire la compétitivité française), et que les gains en compétitivité compenseront (en termes d’emploi créés) la baisse du pouvoir d’achat intérieur (que compensera peut-être au bout de quelques années un certain recentrage de l’économie française sur elle même). Il faudrait que l’inflation importée ne soit pas supérieure à la dévaluation, puis éviter une spirale dévaluation/inflation importée/ en contrôlant le rythme de la dévaluation par une hausse des taux d’intérêt pour « défendre le franc (même faible) ». C’était la problématique des années 80, dans ma mémoire un vrai casse-tête (les fameuse « courbes en J »).
Or je pense que l’effet « inflation importée (d’Europe) » serait plus fort aujourd’hui que dans les années 80, avec un pouvoir syndical de résister à la hausse des prix par des hausses de salaires bien plus faibles. Donc disons le clairement : la dévaluation c’est faire payer la crise des banques aux salariés et pensionnés, et cela implique une hausse forte des taux d’intérêt qui empêchera de financer la « conversion verte ».
Au total, je pense que ce qu’on en espère n’aura pas lieu.
Donc mieux vaut encourager la baisse de l’euro (le prix réel est de l’ordre de 1,1 dollars pour un euro, y a encore de la marge et peut espérer descendre encore, on l’a déjà fait sans créer de troubles à l’intérieur de l’Europe, qui est suffisamment auto-centrée) et créer une vraie politique économique commune fondée sur un « new deal vert ».
Je ne renie rien de ce que j’ai écrit en 1984 puis en 1992. Mais on est en 2010, le bilan « coûts/avantages » a changé.